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L'anti-école, prélude à l'anti-travail.

 

Si l'on peut trouver quelques textes théoriques et historiques sur l'anti-travail (voir bibliographie en fin d'article), il est assez rare, voire impossible, de trouver des documents sur "l'anti-école". Je n'en ai pour ma part jamais croisé, donc si vous en avez n'hésitez pas à me l'indiquer. Autre précision importante, je ne suis plus dans le système scolaire depuis plus d'un an, donc je ne suis plus totalement une personne concernée par l'infantilisation d'état, même si, comme on va le voir, l'infantilisation et l'âgisme continuent bien longtemps après le lycée et la fac.

 

Si l'école (au sens de système scolaire, tout encadrement capitaliste-étatique de l'éducation) est en quelque sorte une "préparation" à la société capitaliste et ses rapports de domination entre adultes (on pourrait dire plus crûment un "formatage"), elle apprend malgré-tout, en "effet secondaire", la résistance spontanée à cet ordre établi.

 

De la même manière que l'on observe des comportements anti-travail dans les entreprises, on voit des comportements que l'on pourrait qualifier alors d'anti-écoles, produits par les élèves de tous les âges (de la primaire à la fac).

 

Nous nous inspirerons donc des travaux cités en bibliographie pour produire une analyse, non-exhaustive, de ce phénomène. Il est évident que notre humilité impose de préciser que ce texte n'a pas prétention universitaire, ni même de rigueur absolue; il s'agit avant tout de montrer l'évidence de l'anti-école dans les institutions capitalistes-étatiques. Ni professionnelle de l'intellect, ni habituée à faire ce genre de texte, les critiques, du moment qu'elles apportent quelque chose à notre réflexion collective et qu'elles se sont dans une optique de respect mutuel, me font plaisir, alors n'hésitez surtout pas à en faire. Ce serait une grande fierté que de lancer une réflexion collective sur ce sujet qui me tient particulièrement à cœur - l'enfance, l'école, l'adolescence - mais qui est si peu abordé à gauche, ce qui provoque toujours chez moi un grand étonnement :)

 

Une conscience de "classe" ?

 

Déjà, on peut rappeler que les enfants et ados constituent un ensemble de classes sociales. Celles-ci sont placées assez bas dans l'échelle hiérarchique de la société capitaliste-étatique. Les enfants et ados n'ont pas droit de cité. En france, ce n'est qu'à partir de 16 ans qu'on leur reconnaît le "droit au travail", droit capitaliste principal. Il est évident que réduire cet âge légal minimum serait un odieux retour au travail des enfants du 19ème. Dans une société capitaliste, où le travail est nécessairement une valeur primordiale, le "droit au travail", la "liberté du travail" même, d'une classe sociale, est un indicateur de la considération (qui peut exister sans respect) que la société éprouve pour celle-ci.

 

Bien sûr, dans une société sans travail salarié, le travail des enfants ne serait même pas sujet de débat. Il n'y aurait même pas de minimum légal d'âge de travail car il n'y aura ni légalité, ni travail ("loi travail, retrait des deux" disait le slogan en 2016). Mais ce n'est pas le sujet de cet article, je vous renvoie aux articles sur le sujet dans ce blog: http://anartube.over-blog.com/tag/anti-travail/ et aux autres travaux de Sortir du capitalisme, notamment : http://sortirducapitalisme.fr/themes/33-travail).

 

Les enfants et ados ont été et sont toujours méprisé·es par la société dans son ensemble. De la naissance à l'âge "adulte" (en théorie) on subit de l'infantilisation, une forme de mépris spécifique que l'école a pour but de nous faire intérioriser pour mieux accepter notre future condition de prolétaire. C'est en partie en cela que les élèves sont des "aspirant·es prolétaires", leurs avis à ce sujet ne leur sont jamais demandés. Mais l'infantilisation agit un peu comme d'autres formes d'oppressions : du moment qu'on est assez jeune pour être encore dans le système scolaire, ou considéré comme tel·le, notre parole est remise en question, nos actes et discours ridiculisés, on nous soupçonne de délinquance etc. Dans une perspective intersectionnelle, il est évident que cette oppression systémique peut se cumuler bien malheureusement avec d'autres comme le racisme ou le sexisme. Car les enfants et ados aussi subissent ces oppressions, c'est même un fléau qui est d'une importance capitale tant il conditionne les futures intériorisations de celles-ci notamment.

 

Les enfants sont donc subordonné·es à la domination adulte.

L’enfance comme statut est avant tout une fiction juridique et philosophique. Elle est liée à la fois à la domination adulte : l’enfant, c’est le mineur privé de certains droits fondamentaux ; et à sa protection : l’enfant, c’est un être vulnérable qui doit être protégé

Depuis les avant-postes de la « colonisation de l’enfance »

De la même manière que la lutte contre ces oppressions systémiques, pour être efficace à grande échelle, doit se faire par les personnes concernées organisées, la lutte anti-infantilisation, anti-âgisme et surtout anti-école (qu'on pourrait appeler positivement "luttes de jeunesse") doivent se faire d'abord par les élèves eux et elles-même. Et c'est là que ça se complique, du moins pour les personnes les plus jeunes. Car comment imaginer des êtres encore en cours de constitution physique et mentale en prime développer une conscience de classe, ou au moins une communauté d'intérêt, contre le capitalisme et les mauvaises conditions d'existence qu'il produit ? C'est une question à laquelle la théorisation de l'anti-école doit tenter de répondre, de la même manière que celle de l'anti-travail et de l'anti-capitalisme doit chercher les moyens de développer la conscience de classe globale du prolétariat et de quiconque souhaite la fin du capitalisme. Évidemment, cet humble article n'a pas pour prétention d'y répondre, mais au moins de proposer quelques bases d'analyse pour y parvenir. La question et ses réponses possibles resteront constamment en évolution, comme pour l'anti-travail et l'anti-capitalisme. C'est en cela qu'il s'agira d'une théorique critique, qui devra pouvoir se critiquer également elle-même.

 

Les enfants et les ados développent rarement leur conscience de classe, semble-t-il, il faudra une enquête approfondie pour en discuter. Ils et elles ne sont qu'un prolétariat (ou une bourgeoisie) en apprentissage de son rôle social. L'âge semble influer également sur cet absence de conscience de classe : de la primaire au lycée, des 3 ans aux 18 ans, on distingue une évolution logique de la conscience des individu·es. C'est pour ça qu'au collège, on trouvera tout au plus une "mutinerie" de classe (la classe scolaire, le petit groupe de 30 élèves imposé par l'administration) contre un·e professeur·e. Mais une enquête approfondie pourra déterminer si l'âge est bien un facteur si important dans l'"inconscience de classe" des enfants vis-à-vis de la famille par exemple.

Au lycée par contre, on aura plus souvent des mobilisations inter-classes ou inter-établissements, la plupart du temps contre une mesure administrative, qui prendront l'ampleur d'une lutte au sein de l'établissement et pourra atteindre l'échelle locale en regroupant un ensemble de lycées d'une agglomération, voire nationale en rejoignant, ou en étant rejoint par, d'autres luttes à l'échelle du pays notamment. Ces luttes sont trop souvent subordonnées aux luttes du personnel enseignant, de mon expérience vécue. L'infantilisation continuant au sein même des luttes, les profs veulent souvent encadrer les élèves, qui ne semblent pas perdre leur statut une fois dans la rue, et diriger leur contestation en dehors du lycée. C'est renier leur possibilité de s'auto-organiser, c'est de l'infantilisation.

 

Les lycéen·nes sont proches de se retrouver à leur place dévolue de prolétaire. Alors on peut supposer que par anticipation ils et elles développent une conscience de classe, qui est celle de la classe adolescente, la classe prolétaire "aspirante", avant d'être complètement prolétaire. Les médias non unilatéraux comme facebook et twitter permettent une communication qui était encore impossible il y a une vingtaine d'année entre toutes les personnes que composent une même génération. Les différentes tranches d'âge sur un même "réseau social" vont plus facilement prendre conscience de leurs intérêts communs à échelle nationale, et même internationale parfois avec l'exemple des marches de la jeunesse pour le climat.

 

Si le rôle d'internet n'est pas négligeable dans la formation d'un semblant de conscience de classe parmi les adolescent·es, on ne peut pas dire que cette dernière soit encore à un niveau élevé. En tout cas, il n'est pas suffisamment élevé pour arriver à une remise en question du capitalisme dans sa globalité, en produisant l'analyse à partir de leurs propres conditions de "prolétaire aspirant·e".

 

Pareillement, les enjeux écologiques n'ont pas enrichi immédiatement une conscience de classe des jeunesses du monde entier. Il faudra peut-être attendre les échecs inévitables de la stratégie politicienne. Dans le cas de la france, les mobilisations portées par des gens bien tranquilles ne remettent pas fondamentalement en cause le capitalisme. Il s'agit avant tout de parler du "futur" que la jeunesse hérite des générations précédentes, et non pas du système capitaliste, certes dirigé par un maximum de vieilles personnes. Même parmi des groupes se revendiquant de l'action directe, on ne trouve pas une remise en cause du capitalisme que la critique écologiste aurait pourtant comme conclusion logique.

 

La conscience du prolétariat aspirant donnerait un rejet du rôle que lui attribue le capitalisme. De la même manière, le prolétariat rejette naturellement sa condition prolétaire. Une adolescence consciente de sa place dans le capitalisme, non seulement rejetterait son exploitation future mais aussi sa condition immédiate de sous-fifre de la société capitaliste.

Il n'y aurait aucune négociation possible avec une jeunesse ayant comme présent une souffrance sensée la préparer à une souffrance encore plus intense : le travail. D'autant plus que la catastrophe climatique qui se prépare ne donne pas un avenir très reluisant au futur prolétariat.

 

Je suis persuadée que cette conscience de classe est possible, il n'y a qu'à voir les comportements qui se rapprochent de l'anti-travail. Ils semblent rejeter la condition immédiate, plus que le rôle qui leur est dévolu, de prolétaire aspirant·e.

 

De l'anti-école à l'anti-travail

 

Il ne faut pas extrapoler et croire que j'ai dit que les comportements anti-écoles sont des manifestations de la conscience de classe des enfants et ados. De la même manière qu'il est assez rare que les comportements anti-travail (plus que la théorisation de celle-ci, du même nom, mais à ne pas confondre) soit le résultat d'une conscience de classe, l'anti-école est le fruit d'un rejet naturel de ce qui est contraire à nos aspirations.

 

Comme Astarian l'a montré dans Aux origines de l'anti-travail (voir bibliographie), l'anti-travail est rarement concerté et est plutôt produit spontanément quand les conditions de travail sont trop insupportables pour les individu·es concerné·es, ou en protestation face à une décision injuste de la direction. Cet anti-travail a lieu même dans les situations révolutionnaires les plus radicales, comme le montre Seidman dans Ouvriers contre le travail (voir bibliographie), avec les exemples du front populaire français et de la révolution espagnole.

 

C'est ce qui me rend à la fois optimiste et me pousse à creuser. L'anti-travail n'est pas une remise en cause fondamentale du capitalisme mais plutôt des conditions de travail au sein de celui-ci. Toutefois, un prolétariat organisé, pourrait sans doute développer une critique du capitalisme, une analyse critique de celui-ci, à partir de la théorie de l'anti-travail. C'est ce que font les théoriscien·nes anti-capitalistes et anti-travail cité·es en bibliographie. Même Marx, dans Le capital, part, entre autres, de l'analyse du salariat dès la troisième section (sur 7) du livre 1 (sur 4).

 

Pour démarrer cette théorisation de l'anti-école, on s'inspire donc de celle de l'anti-travail. Puisqu'il faut démarrer quelque part et qu'il semble que cette dernière est déjà bien partie et donne de bons résultats. Avec une petite particularité cela-dit : l'hypothèse que l'anti-école prépare à l'anti-travail, parallèlement au fait que l'école prépare au travail.

 

Quelques exemples courant d'anti-écoles

 

Cette partie sera constituée principalement d'exemples tirés de mon expérience personnelle et cherchera à la mettre en lien avec d'autres exemples d'anti-travail. Si vous avez des expériences similaires d'anti-école, faites-les moi parvenir, je les publierai anonymement dans un article dédié.

 

L'absentéisme : Qui n'a jamais "séché" les cours ? Qui n'a jamais voulu rester dans son lit au lieu d'aller à l'école ? L'absentéisme est tellement répandu qu'il est un critère de sélection pour certains établissements prestigieux. Il y a même le nombre de "demi-journées" d'absence notés dans les bilans trimestriels. C'est une obsession de la bureaucratie scolaire. Il y a un système de régulation des absences avec le fameux "billet" d'absence à remplir et faire signer par la famille. Si jusqu'au lycée j'étais rarement absente, à la fac, dès que ma famille avait moins d'emprise sur mes comportements anti-scolaires, j'ai multiplié les absences. Et mes camarades étaient plus "libres" et plus tôt là-dessus.

Au travail aussi l'absentéisme est fort, le taux augmente avec le nombre de craquages nerveux : à force de subir, on fini par faire une dépression et on peut rester des mois, des années en arrêt maladie. Mais il s'agit là d'un cas extrême, bien que trop fréquent. Les personnes les plus conscientes de l'inanité du travail, et les plus en sécurité d'un point de vue de l'emploi, trouvent des moyens de "sécher" le travail, se faire porter pâle, se contentent d'un temps partiel etc.

 

Le bazar en classe : Arrêtons de voir l'agitation en classe comme un manque de discipline. C'est la manifestation d'une inadéquation, une contradiction irréconciliable, entre les aspirations des élèves et celles de l'état. Les élèves ne veulent tout simplement pas être là. Dans l'état actuel de l'éducation, il n'est pas possible de retrouver une discipline stricte, militarisée. A l'époque du service militaire il s'agissait de préparer les élèves non pas à être des travailleurs et travailleuses, mais des soldats. Il serait dérisoire et dangereux de vouloir un retour à ce passé comme l'actuel ministre de l'éducation. Tant que les élèves ne seront pas pleinement intégré·es dans le processus de production de leur savoir, dans une perspective sincère d'émancipation de la jeunesse vis-à-vis du capitalisme-étatisme, il n'y aura aucun répit possible en classe. Car ce qui fait bavarder, regarder son portable, balancer des boulettes de papier, crier des obscénités, faire des bruits d'animaux, taguer les tables etc. C'est l'ennui, la présence forcée, les profs méprisant·es (il y en a vraiment beaucoup) etc.

La discipline ne changera rien à l'anti-école, car elle est une partie de ce qui le produit.

Au travail le bazar est rare, pour plein de raison : l'utilité concrète de la tâche effectuée est plus évidente, notre travail rapporte de l'argent à l'entreprise qui nous paie, on a été préparé·e par l'école etc. Alors il s'agit sans doute là d'un cas assez particulier à l'anti-école.

 

L'indiscipline : La soumission à l'autorité ne s'intègre pas de la même manière pour tout le monde, mais il est clair que la majorité apprend à l'école non pas à accepter l'autorité arbitraire d'une bureaucratie et de ses agents, mais au contraire à les défier au quotidien. J'ai appris à détester les profs qui me méprisaient tous les jours, dans les gestes, les paroles, les regards, les notes, les petits commentaires réducteurs et dégradants dans la marge des copies ou entre deux leçons etc. Si je n'ai pas eu d'autre choix que de ne pas mettre tous les profs dans le même panier et de tous et toutes les détester sans distinction, c'est parce qu'il y en a dans ma famille. Autrement, j'aurais pu dire prof = flic. Mais ce sujet de la complicité des agents dans les violences d'état mérite un article.

L'indiscipline, si l'école a bien fonctionné, est assez rare au travail. Il y a des contestations plus ou moins timides par les syndicats. Mais d'un point de vue individuel, non concerté, sans conscience de classe, il est difficile de savoir l'ampleur de l'indiscipline à l'encontre des supérieur·es hiérarchiques. On sait en tout cas qu'elle est fortement réprimée même par pole emploi, car on doit constamment être un bon soldat, de l'économie, cette fois.

 

Le langage : Les parlers spécifiques de la jeunesse, l'usage contemporain du verlan par exemple, sont systématiquement réprimés par l'éducation. Je prends cet exemple en particulier, mais il éclaire toute une volonté de contrôle des comportement et des corps des enfants et ados. S'il est évident qu'il faut apprendre à mesurer son langage en fonction des situations, des interlocuteur·ices etc, réprimer toute manifestation de ce qui nous distingue en tant que classe est nocif. Car dans le cas précis de l'usage du verlan, chaque tranche d'âge apporte son lot de créations linguistiques particulières. S'il existe des "lectes" (= des parlers) en fonction des régions par exemple (régiolectes), en 5 ans de fac de linguistique, on ne m'a jamais parlé des parlers des classes sociales (qu'on pourrait nommer les "classolectes"). La classe sociale des aspirant·es prolétaires, les ados, possède son propre parler, qui mérite d'être respecté, au moins autant qu'étudié. Quand on réprime une manière de parler, on réprime la manière de penser qu'elle sous-tend. Dans ce cas, l'état cherche à éviter la création d'un parler commun à chaque partie de la jeunesse, ce qui renforcerait sa conscience de classe. Car une conscience de classe passe avant-tout par le langage. C'est pourquoi une éducation émancipatrice donnerait une tout autre liberté d'expression à la classe infantile et adolescente. Mais avant cela, les jeunes luttent au quotidien pour garder leurs expressions et "classolectes".

La répression des comportements se retrouve aussi sur les lieux de travail : On ne peut pas parler comme on veut, même entre collègue, s'habiller avec une tenue qui nous corresponde, ni même toujours travailler de la manière que l'on veut etc.

 

Les devoirs pas faits : Personne de sain ne fait tous les devoirs que nous donnent les profs. On a toujours, à un moment donné, même avec toute notre bonne volonté, la "flemme" de continuer à faire des calculs insensés, d'une difficulté ridicule, qui n'ont aucun lien avec notre vie présente comme future. Dans mon cas personnel, j'ai essayé de les faire à chaque fois. Puis à force de désespérer devant ma feuille à n'y rien comprendre, j'ai arrêté de prendre ça au sérieux. Je les ai fait de moins en moins, surtout quand j'étais sûre d'être interrogée le lendemain. Si avec ma bonne foi naïve héritée de ma famille composée d'enseignant·es, je n'ai pas tenu, je suis sûre et certaine que la majorité des autres personnes, plus lucides, ont pris plus de temps pour profiter de la vie que de faire des problèmes de maths futiles.

Au travail, les devoirs maisons sont rares, sauf pour le personnel enseignant, qui a tendance à être irréprochable là-dessus, pour montrer l'exemple aux élèves. Alors la comparaison est assez difficile. Toutefois, je pense que vous aurez compris pourquoi ce comportement est selon moi anti-école : il révèle un rejet de son absurdité et une volonté de prise de contrôle sur nos vies.

 

Ces comportements méritent d'être analysés en lien avec ce qui précèdent. Cette théorisation de l'anti-école n'a pas vocation à ce cantonner à une critique de l'école seule. Elle doit se rattacher aux autres théories de l'émancipation sociale (féminisme, queer, anti-racisme, crip etc) pour produire une critique du capitalisme-étatisme dans sa globalité.

 

Par exemple, on pourrait analyser le port de la jupe en soutien aux camarades de classe trans comme un comportement anti-école d'une certaine manière : le rejet de la normalisation institutionnelle des comportements et tenues. C'est aussi un début de conscience de classe : Les enfants/ados sont plus préoccupé·es par la liberté de s'habiller en accord avec notre personnalité, qu'ils et elles en se préoccupent de "rentrer dans le rang" et rester bien dans les clous hétéro-cis-normés. C'est cette normalisation que l'état cherche justement à induire aux élèves par l'intermédiaire de l'école.

Dans tous les cas, la solidarité entre les identités de genre rentre en conflit direct avec cette normalisation et démontre un certain embryon de conscience de classe. C'est un peu un "élèves de tous les pays, de tous les genres, unissons-nous !" qui semble résonner en toile de fond du port de la jupe solidaire. Mais cela reste sans doute ouvert à débat, mon optimisme me trompe peut-être.

 

Le rejet de l'école par les élèves et évident, reste à construire une conscience de classe à partir de l'analyse de l'anti-école. Mais cela, c'est une tâche compliquée qui devra être débattue avec les concerné·es en première place.

 

L’émancipation de la jeunesse sera-t-elle l'œuvre de la jeunesse elle-même ?

 

Pour plus de précision et de théorie, voici une liste de textes sur l'anti-travail, tous disponibles gratuitement sur internet :

 

Ouvriers contre le travail, Seidman

 

Aux origines de l'anti-travail, Astarian

 

Manifeste contre le travail, groupe Krisis

 

Libérons-nous du travail, Comité Érotique Révolutionnaire

 

Contre le mythe autogestionnaire, anonyme, est d'une certaine manière aussi un document anti-travail car il rappelle que l'autogestion, si elle est une auto-exploitation du prolétariat, une reconduction des rapports d'exploitations laborieux, n'est qu'une illusion, un mythe.

 

Le capital de Marx

 

Sur la critique du système scolaire et de la domination adulte:

Depuis les avant-postes de la "colonisation de l'enfance", anonyme

Sortir du capitalisme: la domination adulte en question

Tag(s) : #anti-école, #anti-travail, #théorie, #âgisme
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