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C'est dingue quand on y pense :

  • Quand on est transgenre, notre espérance de vie passe de plus de 70 ans à 35 ans, mais on reste bien tranquille (https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/les-transidentites-racontees-par-les-trans-44-libertes-egalite-transidentites)
  • Quand on transgenre, notre santée mentale en pâti, on pense 2 fois plus au suicide et on est 1 sur 3 à avoir essayé. Mais on se tient bien sage (https://www.mentalhealthcommission.ca/sites/default/files/2019-05/Les%20personnes%20transgenres%20et%20le%20suicide%20-%20Fiches%20d%E2%80%99information.pdf)
  • Plusieurs fois par an, des trans meurent suicidé·es (en grande partie) par l'état, mais l'hommage qu'on leur rend est classiquement commémoratif et rituel : bougie, discours... rien à la hauteur de la menace de mort permanente du patriarcapitalisme qui pèse sur nous.
  • L'accès à l'emploi et au logement, sorti·e de l’œuf ou du placard, est réduit drastiquement, augmentant les risques de devoir faire les métiers les plus pénibles et dangereux, de tomber dans des réseaux mafieux et de devenir dépendant·e à la drogues. Mais les façades des entreprises capitalistes se tendent triomphalement au-dessus de nos adelphes TDS, dans le froid et la précarité la plus absolue, les mesures abolitionnistes rendant leur vie d'autant plus difficile.
  • Chaque années, plus d'une centaine de femmes meurent sous les coups de leurs maris, mais "le féminisme n'a jamais fait de mort".

Ils est plus que surprenant que ce dernier slogan soit resté vrai si longtemps...

On dit que la peur et la honte doivent changer de camp, alors qu'est-ce qu'on attend pour opter pour la solution offensive ?

 

Le patriarcapitalisme a de la chance de nous avoir comme minorité oppressée, pour l'instant. On est les parfait·es souffres-douleur qui n'ont pas encore eu l'opportunité de se rendre compte de leur puissance et de l'importance de rendre coup-pour-coup, rien que pour commencer à se faire

respecter, à être écouté·e. Les gilets jaunes ont mis des mois et des actions spectaculaires et violentes avant que l'on commence à parler d'eux officiellement à l'élysée et matignon. Il fallut encore des mois après cela pour qu'une parodie de réponse soit proposée. La lutte paie, il ne faut juste pas être dupe et ne rien lâcher tant qu'on n'a pas obtenu ce qu'on veut. Ça implique de se donner un objectif précis.... ou pas ! Si la situation est suffisamment tendue et les contradictions irréconciliables, que l'unanimité est faite sur le rejet de l'ordre établis, en clair : si la situation est insurrectionnelle, il n'y a pas à réclamer des mesurettes au sein même de cet ordre pourri, pour réduire les souffrances et les douleurs ayant vocation à définir nos vies. Il faut se contenter de rejeter alors tout ce qui se rapporte de près ou de loin à l'ordre honnis : au capitalisme, à l'état et ses institutions, aux hétéro-cis-sexismes, au racisme, au validisme et tant de choses encore qui nous donnent la boule au ventre rien que d'y penser.

 

Une lutte s'inscrivant dans la quête de dignité ne se rabaisse pas à demander gentiment aux oppresseurs de changer la forme de domination. Elle vise à y mettre fin.

 

Mais l'actualité n'est pas pré-insurrectionnelle. Il faut donc, à mon humble avis, continuer de réclamer plus de dignité, moins de souffrance : droit aux traitements hormonaux faciles d'accès, changement de genre facilité, voire absence de la mention de genre sur les papiers, créations d'instance non-mixtes féministes pour lutter plus efficacement que la police contre les violences sexistes etc. et ce n'est que des exemples, sans doutes critiquables car sortis de mon imagination dans l'instant. Ces luttes doivent toutefois éviter l'écueil de la respectabilité capitaliste : si l'on vit et lutte dans le patriarcapitalisme, il faut toujours avoir en tête que c'est contre celui-ci que l'on lutte et avoir, à terme, pour projet son renversement. Les revendications concrètes de mesures peuvent très bien s'inscrire dans cette optique. Et même si pas de victoire franche est remarquable à priori, le fait même d'avoir eu cette combinaison revendication-rejet de l'ordre établi est une avancée et un exemple à suivre pour le futur. C'est ce qu'il faut garder de ces mouvements qui souvent marquent l'histoire par leur efficacité : 68, 2006 et l'anti-cpe par exemple, ont obtenu des résultats mitigés en comparaison de la radicalité de leur mouvement. Toutefois, on peut retenir ce qu'il y a eu de plus positif dans ces mouvements : une radicalité d'idée - le rejet du capitalisme en tant que tel - et d'action, comme de grandes grèves et manifestations admettant une pluralité d'actions, qu'elles soient respectueuses de la propriété privées ou non.

 

Aujourd'hui, pour les militant·es, ce genre de mouvements reste exemplaire, même si leurs résultats n'étaient pas à la hauteur et méritent donc de sévères critiques qui dépassent le cadre de cet article. On pourrait citer en plus radicales les révoltes des banlieues de 2005 qui s'opposaient sans revendication à leurs conditions de vie désastreuses. Là, il n'y avait juste pas moyen pour le pouvoir de récupérer le mouvement car s'était le pouvoir lui-même qui était remis en cause.

 

Plus proche de nous dans le temps, les manifs de masse au Chili a permis d'obtenir l'avortement, juste avant les années 30 de ce siècle. L'action marche, c'est pénible et long, mais ça paie et le résultat promis est un monde avec moins de peine et où les prochains mouvements sociaux prennent moins de temps à être entendus... et où la future révolution aura moins de tâches à réaliser une fois en cours.

 

Le patriarcapitalisme a eu de la chance de nous avoir pendant si longtemps, mais sa chance va tourner. Pour nous c'est une question de dignité, pour certain·es c'est même une question de vie ou de mort.

 

 

Alors vive l'Anarchie !

Et avant tout, vive nous !

Tag(s) : #transidentité, #lgbtqia+, #anti-patriarcat
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